19 juin 2018 – Aides auditives sans reste à charge d’ici 3 ans, essais de 30 jours, renforcement de la coopération entre professionnels, priorité à l’information et à la prévention… les annonces faites le 13 juin par Emmanuel Macron présagent un bond en avant après des années de statu quo, voire de régression. Les associations de personnes malentendantes, impliquées dans la phase de consultation, saluent ces avancées qui répondent à plusieurs des revendications qu’elles portent depuis de nombreuses années.
En janvier dernier, le Ministère des Solidarités et de la Santé annonçait une réforme pour améliorer l’accès à des soins de qualité dans les domaines de l’audioprothèse, de l’optique et du dentaire, qualifiant lui-même ces 3 secteurs d' »angles morts de la protection sociale dont il résulte un renoncement aux soins pour raisons financières relativement important ». En effet, selon les chiffres officiels, le reste à charge moyen est estimé à 53% du montant des aides auditives pour un équipement qui coûte en moyenne 1500€ par oreille.
À la lecture des éléments dont nous disposons à ce jour, il s’agit d’une avancée significative pour permettre aux personnes concernées de s’équiper en appareils auditifs. Un reste à charge zéro sur des appareils dits « 100% santé » sera mis en place progressivement d’ici 2021, conjointement financé par les assurances maladies obligatoires (dont la base de remboursement passera de 200 à 400 € par appareil) et complémentaires. La possibilité d’acquérir des appareils auditifs sans reste à charge devrait permettre à un nombre considérable de personnes malentendantes de compenser en partie leur handicap en s’équipant ou en se rééquipant avec des «appareils de qualité» sans frais et d’éviter le renoncement aux soins pour raison financière.
Des critères de qualité minimum ont en effet été définis et seront suivis par un observatoire constitué de tous les acteurs concernés, incluant les représentants des usagers. Il est également prévu des essais de 30 jours, une implication renforcée entre professionnels médicaux et paramédicaux ainsi qu’une amélioration de la traçabilité et la continuité du suivi. Des spécifications techniques minimales ont été définies pour tous les appareils auditifs et le choix d’options parmi deux listes les catégorisent en appareils « 100% santé » (à reste à charge zéro) ou en appareils à prix libre, dont le remboursement par la sécurité sociale sera le même et dont le reste à charge dépendra ensuite du contrat souscrit avec la mutuelle. Il nous semble important que les personnes qui s’équipent soient suffisamment informées pour être en mesure de réaliser un choix éclairé parmi des caractéristiques techniques difficiles à appréhender, en fonction de leurs besoins dans différents environnements de la vie sociale et professionnelle.
Dans ses « 10 propositions pour améliorer la prise en charge des personnes malentendantes en France », publiées en mai dernier, le Bucodes SurdiFrance a mis l’accent sur l’accès aux équipements mais aussi sur le besoin de renforcer et de médicaliser l’accompagnement des personnes concernées. Il rappelle aussi que le handicap devrait être compensé en fonction des besoins et non des revenus. Si la réforme ne va pas aussi loin, elle constitue un grand pas en avant dont nous espérons qu’il sera suivi de nouvelles améliorations pour prendre en compte l’ensemble des besoins. L’appareillage est une condition nécessaire à la réhabilitation de la perte de l’audition mais, pour beaucoup de personnes malentendantes, insuffisante. Le Bucodes SurdiFrance appelle à une réflexion globale sur le parcours de santé de la personne malentendante et sera vigilant sur tous les aspects de la mise en oeuvre de cette réforme afin qu’elle permette une amélioration pour toutes les personnes concernées.
Télécharger le dossier de presse qui décrit le projet de réforme