Le sous-titrage

Pouvoir choisir son programme TV est un geste simple pour la majorité des français. Pourtant, quand on est malentendant, c’est une véritable gageure ; il y a simplement 5 ans, c’était quasiment une mission impossible !

Les associations de devenus sourds et malentendants se sont mobilisées sur ce sujet depuis déjà de nombreuses années et c’est grâce à un travail de fond, réalisé avec l’UNISDA (Union Nationale pour l’Insertion des Déficients auditifs) que l’accès à l’information est entré dans la loi…

Du fait de la loi sur l’égalité des droits et des chances du 11 février 2005, le sous-titrage de toutes les émissions par les chaînes hertziennes et les chaînes ayant une audience minimum de 2,5 % est une obligation légale en France dès 2010. Les journaux télévisés, les émissions de débat, les émissions de variétés ou tout autre programme diffusé en direct ou en semi-direct devront donc tous être sous-titrés.

Le sous-titrage est une technique liée aux contenus audiovisuels, consistant en l’affichage de texte au bas de l’image, lors de la diffusion d’un programme, comme un film.
Depuis les films en V.O, cette technique a ensuite été transposée à la télévision, où elle peut concerner tous types de programmes comme les séries télévisées, les documentaires, les journaux télévisés, etc., que ce soit des programmes pré enregistrés (en stock) ou du direct. Selon les émissions, le programme est sous-titré à l’avance et les sous-titres envoyés en direct, pour être diffusés, via un adaptateur.

  • L’adaptation de l’oral à l’écrit : le sous-titrage S&M est la plupart du temps une synthèse ou une reformulation de ce que l’on entend (comme le sous-titrage d’une langue étrangère), les paroles pouvant rarement être retranscrites telles quelles, par souci du respect de la vitesse de lecture des téléspectateurs.
  • Le placement des sous-titres, la mise en couleurs et la description des ambiances sonores (bruits, musiques additionnelles, accents étrangers, …).
  • les indications sonores : les adaptateurs mettent un point d’honneur à retranscrire les ambiances sonores et la musique le plus précisément possible, d’autant qu’elles ne sont pas que de simples illustrations sonores. Vous connaissez surement l’annonce : « musique angoissante » ….

Les normes du sous-titrage Sourds et Malentendants

Les normes du sous-titrage S&M varient selon les souhaits des clients et des chaînes de télévision.
Les contraintes techniques (nombre d’images entre deux sous-titres, respect des changements de plans, durée minimum d’un sous-titre), mais aussi les normes de style (l’usage ou non de tirets, de majuscules, la ponctuation des sous-titres, la détection des silences, la description ou non des musiques extradiégétiques, c’est-à-dire qui ne font pas partie de l’action…) diffèrent d’un laboratoire à un autre et d’une chaîne à une autre au sein d’un même laboratoire.

Le repérage se fait, selon la qualité exigée par les chaînes et les laboratoires, à la voix ou en anticipant jusqu’à une seconde le début de parole afin de gagner en lisibilité.

Par contre, un sous titre S&M n’est jamais censé commencer en retard par rapport à la voix !

Sous titrage en direct 

Les normes de couleur et de durée d’apparition des sous-titres telles qu’elles existent pour le sous-titrage classique pour sourds et malentendants ne sont pas respectées comme elles le sont pour le sous-titrage de programmes préenregistrés, et elles diffèrent selon les sociétés de postproduction.

Cette technique n’ayant que peu d’années d’existence, les laboratoires de postproduction et les chaînes ne se sont toujours pas mis d’accord sur des normes communes de sous-titrage en direct. Par exemple, certaines chaînes utilisent des codes couleurs : une couleur par intervenant, du magenta ou du jaune pour les voix off ou pour le présentateur principal, etc. D’autres utilisent le tiret pour montrer qu’il y a un changement de locuteur.

La rapidité du sous-titrage ne permet pas non plus de placement sous les locuteurs, comme dans le cas du sous-titrage S&M classique. Et les indications sonores ne sont pas toujours présentes à l’écran…

Les différentes techniques utilisées

la vélotypie

La vélotypie utilise les principes de l’écriture syllabique. Deux opérateurs travaillent en simultané. Le premier opérateur écoute l’émission et synthétise le texte. Le second saisit le texte en frappant simultanément plusieurs touches d’un clavier vélotype pour produire une syllabe. Afin de vérifier le texte ainsi produit, la ligne saisie n’est envoyée qu’après la saisie de deux autres lignes. La vitesse de cette technique est limitée à 150 mots/minute.

la dactylographie

L’opérateur écoute l’émission et tape sur son clavier les propos dictés. Cette méthode demande une organisation et des moyens importants dans le cadre d’une opération de sous-titrage en direct et n’est peut-être pas tout à fait adaptée à ce type d’usage.

la sténotypie assistée par ordinateur

La sténotypie assistée par ordinateur utilise les principes de l’écriture phonétique. Il s’agit en fait de transcrire des sons en temps réel par le biais de codes phonétiques qui sont automatiquement traduits par l’ordinateur en texte à l’écran en direct à plus de 210 mots/minute.

la reconnaissance vocale

C’est actuellement la technique la plus utilisée. Le principe est simple : le sous-titreur – aussi appelé « speaker » ou « perroquet » – écoute l’émission, répète et synthétise ce qu’il entend dans un micro, en dictant la ponctuation. Sa parole, son accent et son débit ont été auparavant testés sur le logiciel de reconnaissance vocale, de sorte que le logiciel traduise correctement le vocabulaire employé. Le logiciel retranscrit ensuite sous forme de texte ce qui est énoncé, en fonction du son et des probabilités. Une deuxième personne, le « correcteur », ou « validateur » apporte les corrections éventuelles au texte. Dans certains cas, une troisième personne, « le souffleur », aide le correcteur à déceler les erreurs qu’il n’aurait pas vues ou à lui répéter une phrase mal retranscrite par le logiciel de reconnaissance vocale, avant que les sous-titres ne soient envoyés.

Avec un décalage d’environ 5 secondes entre l’image et le sous-titre, cette technique permet d’obtenir un sous-titrage complet et de qualité en un temps record. Cette technique séduit les chaînes françaises de par le résultat obtenu et les moindres coûts engendrés.

La réalité du terrain

Dans de nombreux cas, le sous-titrage marche bien, et se révèle comme un outil indispensable aux devenus sourd et malentendants.
La réalité du terrain n’est cependant pas idyllique.
De fait, malgré l’obligation de sous-titrer au delà d’un certain pourcentage d’audience, les chaines de TV respectent la loi comme elles le veulent bien. Il faut dire que le sous-titrage a un impact évident sur le coût de production des programmes.

Les pourcentages de sous-titrage peuvent également être un peu trompeurs ; certaines émissions sont considérées comme sous-titrées, mais la qualité du résultat n’est pas toujours au rendez-vous, ce qui génère un profond sentiment d’insatisfaction, voire de frustation. 

Pour en savoir plus sur ce sujet, consulter le site Médias sous-titrés, et en particulier cet article qui détaille la situation de l’année 2009.