La Drees rend publique une étude quantitative sur le handicap auditif
Etude quantitative sur le handicap auditif à partir de l’enquête Handicap-Santé – dt131 Etudes et Recherches
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) vient de rendre publique sur son site Internet une étude réalisée à partir de l’enquête « Handicap-Santé » et intitulée : « Étude quantitative sur le handicap auditif ».
Cette étude, réalisée par Laurence Haeusler, Thibaud De Laval et Charlotte Millot, présente les résultats détaillés sur la participation à la vie en société des personnes ayant des problèmes auditifs (vie familiale, vie professionnelle, loisirs, etc.), leurs difficultés dans la vie quotidienne et les aides dont ils bénéficient (aides humaines, techniques et financières).
En 2008, 10 millions de personnes rencontraient des problèmes d’audition, rapporte cette étude.
La moitié avaient des difficultés d’écoute qualifiées de « moyennes à totales », limitant leur capacité à suivre une conversation. Une partie d’entre elles cumulaient de surcroît ces problèmes d’audition à d’autres limitations (motrices, intellectuelles, psychiques, cognitives ou visuelles).
10,7% DES PERSONNES AYANT DES LFA LEGERES SONT EQUIPEES
L’étude s’intéresse, entre autres, au taux d’équipement des malentendants. On y découvre notamment que en 2008, « 20 % des personnes ayant des limitations fonctionnelles auditives moyennes à totales seraient équipées d’un appareil, soient entre 1 000 000 et 1 200 000 personnes, toujours en 2008. Le fait que les personnes n’ayant qu’une limitation fonctionnelle auditive légère ne soient jamais équipées est une conséquence du mode de construction de l’échelle de gravité, dans laquelle le fait de porter un appareil auditif entraînait presque toujours un niveau de LFA moyen au minimum. Si l’on prenait en considération les personnes ayant des LFA légères, le taux d’équipement serait de 10,7 %. Par ailleurs, 2 030 000 personnes ne portent pas d’appareil, mais en auraient besoin, soit 37 % des personnes ayant des limitations fonctionnelles auditives moyennes à totales. »
Cette étude nous montre que « 90 % des personnes ayant des limitations fonctionnelles auditives moyennes à totales déclarent au moins une déficience autre qu’auditive (contre 63 % dans l’ensemble de la population). Une partie de ces déficiences est liée à l’âge de cette population. Si l’on standardise le taux global de déficiences associées par âge et sexe, il se rapproche sensiblement de la moyenne, passant de 90 % à 77 %. Les déficiences motrices concernent la moitié des personnes souffrant de LFA moyennes à totales. Ces déficiences sont principalement constituées par deux problèmes courants, dont la gravité peut être très variable, les gênes articulaires et la limitation de force musculaire. »
Les auteurs précisent que « si l’on exclut les déficiences visuelles de type « difficulté pour voir de près ou de loin, mais ni aveugle ni malvoyant »,qui concernent plus d’une personne sur deux, 68 % des personnes ayant des limitations fonctionnelles auditives moyennes à totales déclarent une déficience non auditive, soit deux fois plus que l’ensemble de la population (37 %).
Les personnes ayant des limitations fonctionnelles auditives ont aussi plus souvent des déficiences psychiques, intellectuelles ou cognitives. Les moins de 20 ans sont plus particulièrement concernés par ce type de déficiences. Les déficiences psychiques les plus fréquentes sont les troubles anxieux, deux fois plus fréquents que dans l’ensemble de la population, même après standardisation par l’âge, ainsi que les troubles de l’humeur. Les forts taux de troubles anxieux chez les déficients auditifs sont présentés par de nombreuses autres études, dont les travaux de l’IRDES. Environ 330 000 personnes ont à la fois des troubles de langage et des problèmes auditifs, soit 6 % des personnes ayant des LFA moyennes à totales. Parmi elles, 20 000 sont totalement muettes. La déficience de parole est très spécifique aux personnes ayant des limitations auditives très graves à totales : 20 % d’entre elles ont des troubles de la parole.
Sur les 5 millions de personnes ayant des LFA moyennes à totales, 6 000 sont totalement aveugles et 110 000 sont malvoyants. Cette deuxième perte sensorielle limite leur utilisation de certaines aides techniques, comme les sonnettes lumineuses. »
Évoquant l’articulation de leur étude, les auteurs précisent :
- « La première partie de ce rapport présente la mesure des limitations fonctionnelles auditives à travers l’enquête Handicap-Santé. Nous présentons le mode de repérage de la limitation fonctionnelle auditive et de son niveau de gravité. L’échelle de gravité sera comparée aux résultats obtenus dix ans plus tôt lors de l’enquête Handicaps-Incapacités-Dépendance (HID). Les taux de prévalence selon la gravité du problème auditif sont également comparés à ceux observés dans différentes études publiées sur ce thème sur des données françaises et étrangères.
- La deuxième partie est consacrée à l’étude des autres déficiences et limitations fonctionnelles associées aux limitations fonctionnelles auditives, et au dénombrement des populations selon, à la fois, le niveau de limitations de l’audition, une fois tenu compte des corrections apportées éventuellement par l’appareillage, et le niveau des autres limitations fonctionnelles. Ce niveau est évalué à partir de l’élaboration d’une typologie de multilimitations fonctionnelles.
- La troisième partie est consacrée à l’impact des déficiences auditives sur la vie quotidienne. L’approche retenue consiste à essayer d’évaluer les conséquences des limitations fonctionnelles auditives « à niveau constant d’autres limitations fonctionnelles » sur les capacités à réaliser les activités courantes.
- La quatrième partie présente le taux de recours à l’appareillage auditif et aux implants, ainsi que les autres aides techniques spécifiques aux personnes sourdes ou malentendantes.
- La cinquième partie s’intéresse aux aides humaines des personnes vivant à domicile.
- La sixième partie étudie la participation sociale en cas de problèmes auditifs, à travers l’étude du niveau de diplôme le taux d’emploi, la vie affective et la fréquence des relations sociales. Une partie est d’ailleurs spécifiquement consacrée aux loisirs et aux activités associatives.
- Enfin, la dernière partie propose une étude de la reconnaissance administrative du handicap lié aux limitations fonctionnelles auditives. »
Référence de l’étude : Laurence Haeusler, Thibaud De Laval, Charlotte Millot, 2014, « Étude quantitative sur le handicap auditif à partir de l’enquête « Handicap-Santé » », Document de travail, Série Études et recherche, n°131, Drees, Août 2014.