Lundi 3 février 2014 – La loi autorisant les réseaux de soins mutualistes a été promulguée
Source : l’UFAL
En résumé, cette loi va permettre que les adhérents des organismes de complémentaire santé ressortant du Code de la mutualité aient des prix de soins privilégiés dans les centres ayant passés une convention avec les mutuelles.
Il faut dire que ces réseaux de soins existaient déjà au profit de certains assurés membres d’organismes de complémentaire santé ressortant des codes des assurances ou de la sécurité sociale.
De quoi s’agit-il, en fait ?
Il s’agit pour l’organisme de complémentaire santé d’imposer un cahier des charges au prescripteur de soins qui corresponde aux objectifs économiques de l’organisme assureur.
Or, jusque là, ce rôle de conventionnement était dévolu exclusivement à la Sécurité Sociale qui s’assurait de l’universalité des protocoles thérapeutiques, de la qualité des soins et des prix.
Bien sur, pour l’instant les réseaux de soins mutualistes ne concernent que l’optique, le dentaire et l’audioprothèse mais la Mutualité a déclaré qu’elle regrettait que la médecine de ville ne soit pas prévue dans le texte de loi.
Dans le recul généralisé de la sécurité sociale, ces réseaux de soins pourront effectivement aider à la maîtrise des coûts de traitement, mais il ne faut pas se voiler la face, il s’agit d’un pas supplémentaire dans le tassement de la sécurité sociale dans le rôle d’assureur minimaliste prévu dans le rapport Chadelat de 2003.
L’UFAL publiait en… 2008 une analyse de ce mouvement, auquel la majorité vient de faire franchir une nouvelle étape.
Texte de la loi
JORF n°0023 du 28 janvier 2014
Texte n°2
LOI
LOI n° 2014-57 du 27 janvier 2014 relative aux modalités de mise en œuvre des conventions conclues entre les organismes d’assurance maladie complémentaire et les professionnels, établissements et services de santé (1)
NOR: AFSX1241471L
L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,
Vu la décision du Conseil constitutionnel n° 2013-686 DC en date du 23 janvier 2014,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Article 1
Le dernier alinéa de l’article L. 112-1 du code de la mutualité est complété par les mots : « ou lorsque l’assuré choisit de recourir à un professionnel de santé, un établissement de santé ou un service de santé avec lequel les mutuelles, unions ou fédérations ont conclu une convention dans les conditions mentionnées à l’article L. 863-8 du code de la sécurité sociale ».
Article 2
I. ― Après le chapitre III du titre VI du livre VIII du code de la sécurité sociale, il est inséré un chapitre III bis ainsi rédigé :
« Chapitre III bis
« Conventions conclues entre les organismes de protection sociale complémentaire et les professionnels, les services et les établissements de santé
« Art. L. 863-8. – I. ― Les mutuelles, unions ou fédérations relevant du code de la mutualité, les entreprises d’assurance régies par le code des assurances et les institutions de prévoyance régies par le présent code peuvent, directement ou par l’intermédiaire d’un tiers, conclure avec des professionnels de santé, des établissements de santé ou des services de santé des conventions comportant des engagements relatifs, pour l’organisme assureur, au niveau ou à la nature des garanties ou, pour le professionnel, l’établissement ou le service, aux services rendus ou aux prestations ainsi qu’aux tarifs ou aux prix.
« Ces conventions ne peuvent comprendre aucune stipulation portant atteinte au droit fondamental de chaque patient au libre choix du professionnel, de l’établissement ou du service de santé et aux principes d’égalité et de proximité dans l’accès aux soins.
« L’adhésion des professionnels, établissements ou services à ces conventions s’effectue sur la base de critères objectifs, transparents et non discriminatoires. L’adhésion ne peut comporter de clause d’exclusivité.
« Tout professionnel, établissement ou service répondant aux critères mentionnés au troisième alinéa du présent I peut adhérer à la convention. Cependant, les conventions concernant la profession d’opticien-lunetier peuvent prévoir un nombre limité d’adhésions.
« Pour les professionnels de santé autres que ceux appartenant à des professions mentionnées au deuxième alinéa de l’article L. 162-14-3 du présent code, ces conventions ne peuvent comporter de stipulations tarifaires relatives aux actes et prestations mentionnées aux articles L. 162-1-7 et L. 162-14-1 du même code.
« Le niveau de la prise en charge des actes et prestations médicaux par les organismes mentionnés au premier alinéa du présent I ne peut être modulé en fonction du choix de l’assuré de recourir ou non à un médecin ayant conclu une convention avec ces organismes.
« II. ― L’organisme assureur garantit une information complète auprès de ses assurés ou adhérents sur l’existence du conventionnement, ses caractéristiques et son impact sur leurs droits. »
II. ― Le I s’applique aux conventions conclues ou renouvelées à compter de la date de promulgation de la présente loi.
Article 3
Chaque année pour une période de trois ans, le Gouvernement remet au Parlement, avant le 30 septembre, un rapport dressant un bilan et une évaluation des conventions mentionnées à l’article L. 863-8 du code de la sécurité sociale. Il porte notamment sur les garanties et prestations que ces conventions comportent, leurs conséquences pour les patients, en particulier en termes d’accès aux soins et de reste à charge, et leur impact sur les tarifs et prix pratiqués par les professionnels, établissements et services concernés.
La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.
Fait à Paris, le 27 janvier 2014.
François Hollande
Par le Président de la République :
Le Premier ministre,
Jean-Marc Ayrault
Le ministre de l’économie et des finances,
Pierre Moscovici
La ministre des affaires sociales
et de la santé,
Marisol Touraine
(1) Loi n° 2014-57. ― Travaux préparatoires : Assemblée nationale : Proposition de loi n° 296 ; Rapport de Mme Fanélie Carrey-Conte, au nom de la commission des affaires sociales, n° 424 ; Discussion et adoption le 28 novembre 2012 (TA n° 51). Sénat : Proposition de loi, adoptée par l’Assemblée nationale, n° 172 (2012-2013) ; Rapport de M. Yves Daudigny, au nom de la commission des affaires sociales, n° 775 (2012-2013) ; Texte de la commission n° 776 (2012-2013) ; Discussion et adoption le 24 juillet 2013 (TA n° 204, 2012-2013). Assemblée nationale : Proposition de loi, modifiée par le Sénat, n° 1325 ; Rapport de Mme Fanélie Carrey-Conte, au nom de la commission des affaires sociales, n° 1624 ; Discussion et adoption le 19 décembre 2013 (TA n° 271). ― Conseil constitutionnel : Décision n° 2013-686 DC du 23 janvier 2014 publiée au Journal officiel de ce jour.
A télécharger : LOI n° 2014-57 du 27 janvier 2014