Toute la filière de l’audioprothèse mise en cause sur France Inter
Attaque en règle contre les audioprothésistes et l’ensemble de la filière sur les ondes de France Inter. Dimanche matin23 février 2014, dans l’émission «L’enquête de la rédaction», la journaliste Solenne Le Hen s’appuyant essentiellement sur un rapport de la Cour des comptes, a attribué le «faible équipement» de la population au prix pratiqués par les audioprothésistes, mettant également en cause les fabricants dans un marché «cartellisé.» Sans autre analyse des freins à l’appareillage ou comparaison internationale.
Le propos débute avec le témoignage du Pr. Christian Dubreuil, chirurgien ORL au centre hospitalier de Lyon Sud qui dénonce le montant élevé des appareillages comme frein essentiel à l’équipement des patients: «Ils ne le disent pas…mais c’est à cause de l’argent…. 4 000 euros à 5 000 euros pour les plus chers, 3 000 pour les moins chers». Et la journaliste de reprendre les chiffres de la Cour des comptes, à savoir «3 100 euros» pour un équipement moyen avec un reste à charge de 2 000 euros pour le patient. Cour des comptes «qui considère que le système est opaque», souligne la journaliste.
Le reportage met également en cause, par la voix d’Antoine Durrleman, un marché de l’audioprothèse «cartellisé.» Selon le président de la 6ème chambre de la Cour des comptes il existerait trop peu de fabricants et d’audioprothésistes, qui bénéficieraient d’une «rente de situation», de marges «très élevées» avec un multiplicateur de 3 à 3,5.
Alain Afflelou vient conforter le propos notant que son offre Tchin-Tchin «marche bien» et annonce une marge de 55% «ce qui est important», souligne l’opticien. «On arrive à vendre à moitié prix et à avoir cette marge», ajoute-il. Alain Afflelou dénonce cependant «un numerus-clausus» provoquant une pénurie de diplômés mettant en cause son propre développement. Dans la foulée les salaires des audioprothésistes sont également mis en cause par le reportage : 3 000 euros pour un débutant, «5 000 à 7 000 euros bruts plus tard.»
Autre attaque, celle de René Bruneau, président du Mouvement des Sourds de France qui accuse les audioprothésistes d’abuser de la crédulité de leurs clients «pour leur vendre des appareils haut de gamme dont ils n’ont pas besoin.» Par ailleurs, les deux enseignes Amplifon et Audika sont cités comme finançant les ORL à travers des congrès scientifiques.
Enfin, Maxence Petit pour Sonalto accuse les audioprothésistes de faire pression sur les pouvoirs publics et les distributeurs pour empêcher la vente de l’assistant d’écoute «Octave.» «Un appareil pour les petites pertes d’audition». Solenne Le Hen conclut l’émission en indiquant que la Cour des comptes préconise de plafonner les prix, de «casser le système des forfaits» en dissociant le prix d’achat du service-après-vente. Des propositions que le «gouvernement étudie.»
Seul représentant des audioprothésistes, Luis Godinho pour l’Unsaf, syndicat national des audioprothésistes français (www.unsaf.fr), aura bénéficié de quelques instants pour défendre la technicité et le caractère unique de l’appareillage…
Source : à partir d’une brève de L’Ouïe Magazine
Ecouter l’émission sur le site de France Inter :
http://www.franceinter.fr/emission-lenquete-de-la-redaction-les-protheses-auditives-sont-elles-trop-cheres
Lire la transcription écrite de l’émission « Les prothèses auditives sont-elles trop chères ? »
Télécharger le rapport de la Cour des comptes – septembre 2013
D’après la page de l’émission sur le site de France Inter :
La Cour des comptes a récemment épinglé les vendeurs, les audioprothésistes. Elle leur reproche notamment de réaliser des marges trop importantes et de vendre des appareils hauts de gamme quand une simple prothèse suffirait.
Les médecins ORL profitent aussi de ce système. L’an dernier, plusieurs centaines ont bénéficié de cadeaux offerts par les grandes enseignes d’audioprothèses.
► ► ► ALLER PLUS LOIN | La liste des cadeaux consentis aux médecins ORL par Amplifion et Audika, les deux principales enseignes.
L’autorité de la concurrence se penche en ce moment sur ce marché totalement verrouillé, tout comme la direction de la concurrence et des fraudes. La Cour des Comptes a émis des propositions pour rendre le secteur plus transparent et plus concurrentiel. Elle préconise de plafonner les prix pour la prise en charge des mutuelles, ou même de casser ces prix au forfait, en dissociant l’achat de la prothèse du service après-vente. Le gouvernement lui-même étudie ces propositions pour les reprendre à son compte prochainement.