Alors que la campagne présidentielle 2017 bat son plein, son accessibilité n’est toujours pas systématique. Les associations du Bucodes SurdiFrance mènent localement des actions lors des meetings pour faire savoir ce besoin ou valoriser les bonnes pratiques en place. L’association Surd’Iroise s’est rendue à des meetings à Brest et témoigne.
En France, nous sommes 6 millions d’électeurs à être concernés par des difficultés d’accès à cette campagne présidentielle. Ces difficultés nous les rencontrons aussi dans d’autres contextes mais il nous semble que ce qui est en jeu ici, c’est notre place en tant que citoyens et côté candidats, un engagement à s’adresser à tous les électeurs. Les associations de personnes malentendantes et sourdes sont donc mobilisées pour faire valoir ce droit d’accès à l’information. Les débats et interviews télévisés, les meetings mais aussi les vidéos en ligne doivent être à la fois bien sous-titrées ET interprétées en langue des signes française. Ces 2 moyens ne vont pas l’un sans l’autre et ne sont pas interchangeables. Sinon cela revient à exclure une partie de la population malentendante et sourde.
La qualité des sous-titres : ils deviennent inutiles quand on ne peut pas comprendre le propos. Or ils répondent à un besoin essentiel pour les personnes qui entendent mal. Nous les invitons à évaluer les sous-titres TV sur l’application Avamétrie.
Retour sur les actions de ces derniers mois
En novembre 2016, le Bucodes SurdiFrance a envoyé un courrier à tous les partis politiques pour les informer sur les moyens d’accessibilité aux personnes malentendantes et sourdes et alerter sur la nécessité de les mettre en place pour tous les meetings, débats TV, vidéos en ligne.
Face au constat d’une quasi-absence d’accessibilité en début de campagne, le Bucodes SurdiFrance a publié en février 2017 un communiqué dans le but d’interpeller les chaînes TV et les candidats. Ses revendications pour une campagne plus accessible ont été relayées par l’AFP, 20 minutes, France 5, BFM TV, RMC Découvertes et Radio Classique.
Depuis, quelques lignes ont bougé notamment au niveau des sous-titrages TV et des meetings de quelques (trop) rares candidats. À notre connaissance, seuls 2 candidats ont mis en place langue des signes et sous-titrage lors de leurs meetings : Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon. Nous espérons que dans les semaines à venir, les avancées se multiplient jusqu’à une mise en accessibilité complète de la campagne lors des évènements des candidats et sur tous les médias audiovisuels pour que les personnes ayant des difficultés à entendre puissent participer pleinement à la vie démocratique.
Les actions en cours : rendez-vous aux meetings !
Le Bucodes SurdiFrance a invité ses associations membres à se rendre aux meetings qui se déroulent près de chez leurs adhérents et leur a transmis quelques outils pour interpeller la presse locale et les candidats sur l’accessibilité. Il s’agit de sensibiliser les candidats et leurs équipes à l’existence de ce besoin. Vidéos et photos des bonnes et mauvaises pratiques sont relayées sur le groupe public Acces_Cible, mouvement pour l’accessibilité FR/LSF.
Le témoignage de Surd’Iroise
Surd’Iroise est une association membre du Bucodes SurdiFrance, basée en Bretagne, dans le Finistère Nord. 2 meetings se tenaient à Brest les 1er et 2 mars, celui de Jean-Luc Mélenchon et celui de Benoît Hamon. Maryannick, Francis, Eliane et Patrick se sont donc rendus sur place. Ils y ont croisé le collectif des sourds du Finistère (CDSF29), également mobilisé pour l’accessibilité.
Interprète et langue des signes étaient bien au rendez-vous pour le meeting de Jean-Luc Mélenchon mais déception pour celui de Benoît Hamon : contrairement à ce qui leur avait été annoncé, il y avait bien un interprète en langue des signes mais pas de sous-titrages.
Impossible donc de suivre les échanges. Maryannick Moal, de Surd’Iroise, a donc brandi sa pancarte « Oreille barrée » en y inscrivant la question « Où sont les sous-titres? ». « C’était une manière d’interpeller sans agressivité le candidat et son équipe avec l’intention d’instaurer un dialogue constructif sur l’accessibilité », explique-t-elle.
Elle a d’ailleurs pu en parler avec une personne de l’organisation qui lui a assuré qu’il y aurait des sous-titres à Reims le samedi suivant et pour les dates futures. Et cet engagement a été tenu. « Seul bémol : dans les vidéos du différé, on ne voit pas bien les écrans de cette transcription. On ne pouvait donc pas les suivre sur internet mais uniquement en étant présent dans la salle. Un petit ajustement serait donc utile pour qu’ils puissent servir au plus grand nombre. Ces avancées indiquent cependant que nos revendications ont bien été entendues et que les choses avancent », conclut Maryannick.